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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/334

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êtes la parle du pays en humidité et en doux maintien.

— C’est qu’ou vous moquez, reprit la servante ; cela vous plaît à dire.

— Ho ! non fait, lui dit le paysan.

— Ho ! si est, répondit-elle.

— Ho bien ! reprit-il, revenant toujours à ses moutons, ma mère, hen ! ma mère m’a parlé de vous, comme je vous dis ; si vous vous voulez marier, vous n’avez qu’à dire.

Jamais il n’expliqua plus clairement ses intentions ; mais, pour montrer la grande infection qu’il lui portait, il la mena danser une gaillarde, où il haussait les pieds et démenait les bras et tout le corps de telle façon qu’il semblait qu’il fût désespéré ou malade de Saint. Je vis encore faire là d’autres badineries qui seraient trop longues à réciter. Qu’il vous suffise que je voyais pratiquer tout un autre art d’aimer que celui que nous a décrit le gentil Ovide.

Tandis que Clérante regardait avec attention tout ce qui se faisait ; et, à l’arrivée de beaucoup de noblesse qui se rendit dedans la salle du château, sans regarder la noce, il s’y en alla aussi, parce que la bourgeoise y était entrée pareillement.

— Or çà, compère, lui dit le seigneur en prenant garde au bandage de sa tête, qui est-ce qui a voulu rompre le coffre de ton entendement ?

— C’est une personne qui n’en a guère, répondit-il en contrefaisant sa voix le plus qu’il pouvait ; j’ai une si méchante femme, que je pense qu’elle a le diable au corps. Ha ! messieurs, le cœur me crève, tant j’en ai de