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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/336

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— Non, non ! répondit elle, j’aimerais mieux l’amitié des démons d’enfer que la tienne.

— Je ne te ferai plus rien, ma foi, lui repartis-je : je veux dire que je ne te battrai plus. Car, pour la petite chosette, je continuerai toujours à te la faire et, si tu veux, dès maintenant nous la ferons sans que tu sortes de là ; et dès que nous aurons achevé, je te promets que je te délivrerai de ta prison.

Cette offre lui toucha les sentiments ; elle s’accorda à ce que je voulais, et je me délibérai de me mettre en devoir d’éteindre seulement l’ardeur de mon désir, pour la laisser toujours après dans le tonneau. Je pense qu’elle approchait alors la partie qui était nécessaire, le plus proche du trou du bondon qu’elle pouvait ; mais quant à moi, je ne sus faire passer jusques à elle le morceau qu’elle demandait, car son enflure était trop grosse. Cela me faisait enrager pour vous le bien dire. Je fus forcé de tirer ma femme hors du lieu où elle était ; mais elle ne m’eut pas sitôt rendu incapable de l’embrasser de long temps, qu’elle recommença à me quereller et me dire qu’elle voyait bien que j’avais fait part ce jour-là à quelqu’une de ses voisines de ce qui n’appartenait qu’à elle, d’autant qu’encore que je le lui eusse fait six fois cette nuit-là, il lui semblait qu’il y avait de la diminution en ma puissance, et que j’avais accoutumé d’aller ordinairement un plus grand train.

« Le soleil, en se levant, vit notre castillewkt et fut témoin comme elle me jeta un pot à pisser à la tête, dont elle me blessa ainsi que vous me voyez. Et si je vous assure qu’il m’est à voir que je n’étais point coupable. »