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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/340

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rantes que celles que j’avais jouées de mon rebec. Chacun donna son avis là-dessus, et presque tous concluaient que l’occasion de leur dévoiement d’estomac était qu’ils avaient mangé beaucoup de chair au lieu qu’ils n’avaient accoutumé de manger que du pain.

La bourgeoise même ne fut pas exempte de cette maladie, qui la surprit à l’improviste, comme elle se moquait de ceux qui en étaient tourmentés. Aussitôt, craignant de commettre une faute pareille à celle de la mariée, elle sortit hâtivement de la salle et, ne sachant où se décharger, elle allait d’un côté et d’autre. Enfin elle rencontra un laquais, à qui elle demanda quasi tout hors d’elle-même où étaient les privés : il les lui montra du doigt. Mais, comme elle troussait sa cotte pour y présider, un jeune gars, aussi pressé qu’elle, s’y voulut placer. Ils eurent une contestation à qui s’y mettrait le premier. Cependant la mère du marié, qui était une grosse résolue de paysanne, vint occuper le lieu ; de sorte qu’ils furent tous deux contraints de laisser tout couler à l’endroit où ils se trouvèrent. La bourgeoise étant de retour, eut encore un ajournement personnel pour aller au même lieu, où elle fit ses affaires plus à son aise qu’au premier coup. Lorsque je la vis, je dis aux gentilshommes que je pensais que leur compagnie ne lui était pas agréable, et qu’elle ne faisait autre chose que s’en retirer et marchandait à la quitter tout à fait. Ayant entendu que je me voulais gausser d’elle, elle tâcha de me donner quelque attaque, et pour sonder la subtilité de mon esprit, me dit :

— Or çà ! ménétrier, quelle corde est la plus malai-