Aller au contenu

Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/342

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
316

présence m’ennuie plus qu’elle ne me délecte, je ne vous le cèle point. Vous n’êtes point en votre perfection, et n’y à pas moyen de vous mettre en bon accord si l’on ne fourre des chevilles dedans vos trous. Pourquoi diable ne tâchez-vous pas de ressembler à la flûte, qui n’est point si difficile à accorder ? Alors vous auriez gagné mes bonnes grâces.

— Hé, viens çà ! Dis-moi ignorant, reprit la bourgeoise, les trous de la flûte demeurent-ils toujours sans être bouchés quand l’on en joue ?

— Madame a bonne raison, dit incontinent un gentilhomme, et la comparaison est belle de la femme à la flûte ; car l’on bouche tout de même les trous de la femme par compas, l’un après l’autre : celui de derrière en la pressant sur un lit, celui de devant en embrassant comme vous m’entendez bien, et celui de la bouche en la baisant. Pendant le jeu, tantôt un trou et tantôt l’autre se débouchent, selon la cadence que l’on observe, avec les mouvements qui y sont nécessaires.

— Pour moi, dit le seigneur, je trouve cette similitude là fort cornue, si vous ne dites qu’il faut souffler dans le cul de la femme comme l’on souffle dans la flûte.

— Rien moins, répondit le premier. L’on peut souffler par un autre endroit plus net que celui-là, quand ce ne serait que par la bouche.

— Il me semble, interrompis-je, que ni vous ni Madame ne dites rien à l’avantage des femmes, en croyant parler pour elles. Car l’on ne bouche les trous des flûtes qu’en mettant les doigts dessus : elles seraient bien étonnées si l’on ne voulait point boucher les leurs que de