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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/343

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cette façon, vu qu’elles désirent que l’on n’applique pas seulement ses membres dessus les ouvertures, mais que l’on les pousse si fort que l’on les fasse entrer jusqu’au fond. Il n’y a pas jusqu’à la langue qui ne soit tenue de servir de clôture à leur bouche : si bien que leur âme ne peut s’envoler tandis, si ce n’est que par le trou de boyau culier, lorsqu’elles le débouchent en haussant un peu le derrière à cause du mouvement.

Il n’y eut personne qui me pût repartir là-dessus ; je demeurai le vainqueur. Alors Clérante se levant de sa place un verre à la main, roulant les yeux à la tête, commença de contrefaire l’ivrogne si naïvement que j’eusse cru qu’il l’était, n’eût été que je savais sa portée de vin, et qu’il n’avait pas bu la moitié de ce qu’il en fallait pour lui troubler le cerveau. Mais tout le reste de l’assistance avait une autre pensée que moi. Il chancelle à tous coups, bégaye en parlant et dit des rêveries étranges. Il fait semblant de vouloir essayer si le vin à bon goût et, ayant trempé son petit doigt dans son verre, il suce son pouce au lieu. En buvant, il répand la moitié de son vin sur lui et tire le devant de sa chemise hors de sa brayette pour essuyer sa bouche ; de manière qu’en écarquillant les jambes il montre à la bourgeoise tout ce qu’il porte de plus secret. Pour faire la Sainte Nitouche, en s’écriant elle couvre soudain ses yeux avec sa main, dont elle entr’ouvre néanmoins ses doigts finement, hypocrite qu’elle est, pour voir, sans que l’on s’en aperçoive, s’il est aussi bien fourni de ses membres qu’il s’est vanté. Ayant là découvert un embonpoint qui lui plaisait infiniment, elle faisait prière à Vénus qu’elle lui départît