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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/353

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fort propice pour vous joindre ; adieu, je m’en vais voir si notre faucon est retrouvé. Commencez quand il vous en prendra envie ; je donne au diable qui vous vient séparer.



En disant ceci, je leur fais la révérence avec une façon bouffonne, et, ayant fermé la porte après moi, m’en retourne vers nos gens, avec qui je m’amusai à chasser. Clérante, suivant le bon conseil que je lui avais baillé, se met tandis à caresser sa guerrière et lui demande si elle est en résolution de venir aux prises. Elle, qui n’avait tenu tout le discours précédent que par galanterie, se trouva du commencement bien étonnée de voir que l’on la voulait assaillir tout à bon.

— Non, non, dit-elle, je n’aurais point d’honneur à vous vaincre maintenant : vous n’avez pas eu assez de terme pour mettre vos armes en bon ordre.

— Vous me pardonnerez, répondit Clérante : elles sont en meilleur état que vous ne pensez.

Là-dessus, il la conduit dans une chambrette prochaine et s’apprête à lui montrer sa vaillance. Alors, faisant semblant de n’entendre point raillerie, elle lui dit que, s’il la touche, elle criera et qu’elle appellera son mari.

— Hé ! madame, répondit-il, ne vous souvenez-vous plus que vous avez dit tantôt qu’il ne faut point de juge en notre combat ?

— Je ne songeais pas à la malice, et vous y songiez, répliqua-t-elle.

— Cela est passé, n’en parlons plus, dit Clérante ; mais songez seulement à ceux qui viendront ici, me trou-