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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/354

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vant enfermé avec vous, croiront que, par une malice signalée, vous criez quand l’affaire est faite comme si elle était à faire, afin de donner bonne opinion de vous. Ainsi vous serez entièrement diffamée et accusée d’hypocrisie, et recevrez beaucoup de peine sans avoir goûté aucun plaisir. Au reste je sais fort bien que votre mari n’est pas céans : on me l’a appris quand je suis entré.

— Hélas ! s’écria-t-elle, vous êtes bien mauvais. J’ai pensé parler avec gaillardise, pour faire trouver le temps moins long, et cependant vous usez de trahison envers moi.

— Ah Dieu ! dit Clérante, les ordonnances dont vous m’avez tantôt parlé ne valent rien ; car je vois qu’il est très nécessaire d’avoir un juge en quelque combat que ce soit ; car, si nous en avions un, il serait témoin oculaire, comme je ne vous trahis aucunement en ce combat-ci et ne me sers d’aucune supercherie. Non, ma mignonne, continua-t-il en lui donnant un baiser, ce n’est pas une trahison que de vous assaillir par le devant et comme j’essaye de faire.

Nonobstant ces paroles, elle continua à lui résister, ce qui le convia à lui dire qu’elle avait tort de lui refuser un bien qu’il savait qu’elle avait départi peu de jours auparavant à un joueur de cymbales.

— Vous ne me le pouvez nier, poursuivit-il ; c’est un bon démon qui m’a rapporté ces nouvelles. Il m’a dit même que ce qui vous induisit le plus à cette chose, était que vous vous imaginiez que l’affaire serait extrêmement secrète. N’est-ce pas être d’une étrange humeur ? Vous vous plaisez à ce jeu, et n’y a point de doute que