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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/385

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s’attrister. Raymond entre incontinent qui tire son esprit de confusion, en le venant embrasser et lui disant :

— Mon cher ami, c’est maintenant que je vous donnerai des témoignages de l’affection que je vous porte, en vous faisant jouir de toutes les délices dont je me pourrai aviser. J’ai envoyé querir votre Laurette, afin que, si vous l’aimez encore, sa présence vous apporte de la joie, et qui plus est, j’ai fait venir ici ces cinq demoiselles, dont l’une est mon Hélène afin que vous ayez à choisir. Ces quatre gentilshommes-ci sont les plus braves qui soient en ce pays et les plus dignes de votre compagnie. L’un est le seigneur Dorini, Italien dont je vous ai déjà parlé. Il faut que nous fassions tous ensemble une merveilleuse chère. L’inimitié que j’ai témoigné de vous porter n’a été que pour vous rendre maintenant plus savoureux les fruits de l’amitié que j’ai pour vous. J’avais tant de bonne opinion de la constance de votre âme, que je savais bien que les assurances que l’on vous donnerait de votre mort ne vous causeraient point de maladies. D’ailleurs j’étais contraint de ce faire, pour m’exempter de vous aller voir et vous faire tenir encore au lit, afin que j’eusse la commodité d’apprêter, à votre désu[1], ce qui m’est nécessaire pour essayer de vous faire passer quelque temps à une joie parfaite.

Francion lui dit qu’il s’était bien toujours douté qu’il n’avait pas tant de mauvaise volonté pour lui que l’on lui disait ; et, là-dessus, ils se firent des compliments pour s’assurer d’une éternelle affection l’un envers l’autre.

Francion ne s’étonna point d’être vêtu comme il l’était, parce que Raymond et les autres gentilshommes

  1. ndws : En vous trompant adroitement cf. Furetière, op. cit.