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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/386

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l’étaient presque de pareille sorte. Les dames mêmes qui n’étaient vêtues qu’à la légère et à l’ordinaire furent menées dans une chambre où l’on leur avait aussi apprêté des vêtements à l’antique, parce qu’il n’y a rien qui fasse paraître les femmes plus belles et plus majestueuses. Agathe vint alors faire la révérence à Francion, à qui elle conta qu’elle avait été au château de Valentin lui faire accroire qu’elle voulait mener sa nièce en pèlerinage à un lieu de dévotion, qui est à dix lieues de là et que, par ce moyen, elle l’avait conduite chez Raymond, selon le complot qu’elle avait fait à la taverne.



L’on lui dit, à cette-heure-là, qu’il fallait qu’elle s’allât habiller comme les autres, et ne demandant pas mieux, elle quitta Francion. Un peu après, elle revint toute transportée d’aise dire à tous les hommes qu’ils la suivissent vitement, et qu’elle leur montrerait quelque chose de beau. Une des dames était sortie de la chambre où étaient toutes les autres, et s’était mise dans une qui était devant, pour s’y accommoder toute seule avec plus de liberté. Elle n’avait rien que sa chemise, qu’elle ôta pour en secouer les puces, et toute nue comme elle était, se mit après à frotter son corps pour en ôter la crasse, et à rogner les ongles de ses pieds. Agathe ouvrit tout d’un coup la porte, dont elle avait la clef ; et la pauvrette oyant la voix des hommes qui venaient, chercha quelque chose pour se couvrir. Mais Agathe lui écarta tous ses habillements.

Elle était assise sur un lit où il n’y avait ni ciel ni rideau ; on n’y avait laissé que la paillasse et le chevet, qu’elle s’avisa de prendre et de mettre sur sa tête pour