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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/387

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se la cacher, de sorte que l’on ne la reconnut point. Étant à la ruelle elle empoigna un des piliers du dossier de la couche ; si bien que l’on ne la voyait que par le derrière. Chacun se prit à rire à la vue de ce bel objet, et l’on demanda à Agathe qui était cette dame. Elle répondit qu’elle n’en dirait rien, puisqu’elle avait su si bien se cacher.

— Oui, mais elle ne se cache qu’à la manière de certains oiseaux, qui croient que tous leurs membres ne peuvent plus être vus de personne, lorsqu’ils ont caché leur tête, dit Raymond.

— Il n’est pas de même d’elle comme de ces oiseaux, repartit Dorini. Car l’on les peut reconnaître aux plumes de leur corps qui se montrent toujours ; mais pas un de nous ne la peut reconnaître, s’il ne la vue autrefois toute nue.

Francion s’approcha d’elle, et, l’ayant tâtée tout partout l’embrasse au droit du nombril, et la tire le plus fort qu’il peut afin qu’ayant quitté sa prise il la puisse retourner par devant pour voir son visage. Elle se tint si ferme qu’il y perdit ses peines et comme elle montrait en cet état une paire de fesses des plus grosses et des mieux nourries du monde, il y eut quelqu’un qui dit avec exclamation :

— Mon Dieu quel cul voilà !

Raymond, qui l’entendit, lui repartit incontinent :

— Hé quoi ! avez-vous en horreur une des plus aimables parties qui soient au corps ? Qu’est-ce qu’il y a de laid à votre avis, et que l’on ne doive pas mettre en vue de tout le monde ? Pardieu, le cul n’est rien que les deux