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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/402

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Les langueurs, les rêveries,
Avec les chaudes furies,
Et la douce pâmoison
Agitent notre raison.

L’on tremble à faible secousse,
L’on se mord et l’on se pousse,
Et l’âme a tant de plaisirs
Qu’elle n’a plus de désirs.

Ha ! mon Dieu, que j’ai d’envie
De pouvoir finir ma vie
Au fort de ce doux combat,
Pour mourir avec ébat !

Cet air-ci, que les musiciens reprenaient sur leurs luths après que Francion en avait récité un couplet, ravit les esprits de toute l’assistance. Il y avait une cadence si bouffonne et si lascive, qu’avec les paroles, qui l’étaient assez, elle convia tout le monde aux plaisirs de l’amour. Tout ce qui était dans la salle soupirait après les charmes de la volupté ; les flambeaux même, agités à cette heure-là par je ne sais quel vent, semblaient haleter comme des hommes et être possédés de quelque passionné désir. Une douce furie s’étant emparée des âmes, l’on fit jouer des sarabandes, que la plupart dansèrent en s’entremêlant confusément avec des postures toutes gentilles et toutes paillardes.

Quelques dames qui avaient encore gardé leur pudeur, la laissèrent échapper, se conformant aux autres, qu’elles