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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/409

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Francion, car il me semble que de se donner le nom d’autrui, c’est confesser que l’on n’a rien en soi de si recommandable que celui-là.

Raymond, oyant ce devis, dit qu’il voulait aller aussi en Italie, vu qu’il s’ennuyait en France et qu’il ne se plaisait point à la cour ; mais, quelque affaire le retenant pour quelques jours, il se délibéra de ne partir qu’avec Dorini.

Le voyage étant ainsi tout résolu, Francion, dès l’heure même, donna charge à un homme de Raymond de ramener Collinet à Clérante et de lui bailler des lettres de sa part, par lesquelles il lui mandait qu’il s’en allait un peu se divertir dans les pays étrangers, selon les souhaits qu’il lui avait autrefois ouï faire.

Quelqu’un lui demanda s’il n’avait point de regret de quitter si tôt Laurette ; il répondit que la poire était à sa merci, qu’il en avait joui tant qu’il avait voulu, et qu’il fallait songer à en pourchasser une autre.

L’on était sur ces propos, lorsque par les fenêtres d’une chambre l’on vit entrer dans le château un vieillard, monté sur une méchante haridelle qui ne valait plus rien au labour où elle avait usé sa première vigueur. Celui qui la montait avait un manteau noir attaché avec une aiguillette au-dessous du col, portait de belles guêtres à la moderne et avait un antique braquemardwkt-1 à son côté. Cet honorable personnage était Valentin, qui, voyant que sa femme mettait tant à revenir de son pèlerinage, ne savait bonnement ce qu’il devait en penser et avait été la chercher en beaucoup d’endroits, jusques à tant qu’un maudit manant, qui avait apporté de la