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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/420

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votre venue ; soyez le protecteur des misérables. »

Quand il eut ainsi achevé de parler, Francion, qui avait connu son bon droit, voulut mettre la paix partout. Le ruffien et celle qui l’accompagnait firent haut le gigot cependant, craignant la touche. La femme, voyant que le gentilhomme qui était chez elle y désirait dîner, s’en alla à la cuisine, toute honteuse et fâchée, mettre ordre à ses sauces. Tandis le mari se vêtit et vint en la chambre de Francion, avec lequel il discourut de plusieurs choses. Après le dîner, Francion fit venir aussi sa femme et leur dit à tous deux qu’il fallait qu’ils fissent devant lui un perdurable accord. Le mari, qui ne demandait qu’amour et simplesse, y consentit bientôt, et la femme en fit de même, y étant contrainte par la nécessité et ne pouvant plus faire l’enragée.

— Je veux donc, dit Francion, que vous fassiez tout à cette heure ensemble la petite chosette afin que je juge si Robin n’est pas assez valeureux pour contenter sa femme sans qu’elle aille à la Cour des aides.

Belles dames, qui ne pouvez sans rougir ouïr parler des choses que vous aimez le mieux, je sais bien que, si vous jetez les yeux ici et en beaucoup d’autres endroits de ce livre, vous le quitterez aussitôt et m’aurez par aventure en haine. Néanmoins, j’aime tant la vérité, que, malgré votre fâcheuse humeur, je ne veux rien celer, et principalement de ce qui profite plus étant divulgué que non pas étant tu.

Robin, après quelques résistances, s’accorda au désir du brave Francion, étant fort aise d’avoir les yeux d’un si grand personnage pour témoins irréprochables des