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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/422

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qui ne sût pas bien assaillir et ne méritât pas que l’on lui fît résistance. Là-dessus, le champion recommença le duel, où il ne sentit pas plus de plaisir que Francion en recevait en le regardant. Tout étant fini, notre chevalier dit :

— Vous allez un fort bon train, si ce n’est qu’à la fin vous avez des mouvements un peu trop grossiers et trop lents. Désormais, rendez-les plus prompts et plus agiles : vous en aurez tous deux plus de délectation. Au reste, ce que vous venez de faire ici devant moi soit un lien qui vous étreigne éternellement. Il m’est avis que vous n’aurez point de sujet de vous mécontenter l’un de l’autre.

Après avoir dit cela, il descendit en bas, où ils le suivirent pour être payés de son écot. Ils comptèrent la dépense qu’il avait faite, et tout aussitôt il leur en bailla l’argent. De surplus, il leur fit don de six ou sept pistoles pour les convier à se souvenir de lui et apaiser toutes leurs vieilles inimitiés en sa considération ; et leur promit que quelque jour il leur ferait encore quelque présent s’il était averti qu’ils ne retournassent point à leur mauvais ménage. En contre-échange il les menaça que, s’il pouvait découvrir qu’ils eussent par après quelques castilleswkt-1 ensemble, il reviendrait les châtier rigoureusement. L’on dit que ses remontrances eurent beaucoup d’efficace et que, depuis, ils ont toujours vécu en bonne paix.

Un certain homme, qui venait de dîner à la taverne, ayant vu les largesses de Francion, l’eut en grand respect et en une parfaite bienveillance. Le voyant monter