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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/428

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de bâton autrefois à des manants qui avaient dit qu’il ne l’était pas, et qu’il le fallait mettre à la taille.

— Ho ! le mauvais, dit Francion ; ce n’est pas ainsi qu’il y faut aller. Je le veux rendre noble, moi, et malgré qu’il en ait ; car je sais bien que du commencement il n’approuvera pas ce que je ferai pour y parvenir.

En discourant ainsi, ils arrivèrent près d’un petit bocage au-delà duquel ils entendirent quelque bruit comme de personnes qui en violentaient une autre. Notre marquis, qui veut tout savoir et qui veut punir tous les forfaits qu’il voit commettre, pique son cheval, étant suivi de ses gens, et aperçoit quatre grands marauds qui tiennent au collet un jeune gentilhomme qu’ils ont démonté. Encore qu’il s’approchât d’eux, ils ne le quittaient point et, parce qu’il ne voulait pas marcher vers l’endroit où ils avaient envie de le mener, ils le traînaient contre terre de toute leur force.

— Que voulez-vous faire à ce galant homme-là, pendards ? dit Francion.

— Ce n’est pas là votre affaire, répondit l’un, sachez seulement que notre procédure est approuvée de la justice.

— La justice ! répond Francion ; et qui est cette honnête demoiselle qui fait ainsi traiter les honnêtes gens ? Laissez-le là à cette heure, ou vous vous en repentirez.

— Monsieur, dit un autre, vous nous laisserez, s’il vous plaît, faire notre charge ; nous sommes officiers du roi ; nous voulons mener cet homme-ci en prison pour ses dettes.