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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/429

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— N’est-ce que pour cela ? répondit Francion, et par la mort, il n’ira pas.

Achevant ces paroles, il tira son épée, et tous ceux qui étaient avec lui en firent de même ; puis ils commencèrent à charger sur les sergents de si bonne fortune qu’ils furent contraints de lâcher leur prise et de montrer leurs talons à leurs ennemis. Le voisin de l’avare s’étant approché, dit à Francion :

— Monsieur, c’est ici le jeune du Buisson que vous avez secouru.

— À la bonne heure, dit le marquis ; je suis fort aise d’avoir fait cette rencontre.

Là-dessus le jeune gentilhomme vint le remercier avec des paroles où il remarquait la bonté de son esprit, ce qui le convia de lui faire un accueil très favorable. Il lui demanda si c’était donc pour dettes qu’on l’avait voulu mener en prison. Du Buisson répondit qu’oui, et qu’à cause que son père ne lui donnait point d’argent, il avait été forcé d’en emprunter d’un certain banquier qui, ayant affaire de ses pièces, le poursuivait vivement de les lui rendre.

En parlant de ces choses-là, ils se trouvèrent à une petite ville où ils avaient dessein de souper et de coucher. Il y avait deux hommes qui buvaient dans l’hôtellerie où ils se rendirent : l’un qui avait le nez rouge comme une écrevisse, ayant regardé, le jeune du Buisson, fit signe à son camarade ; après cela ils se mirent à trinquer plus fort que devant, ayant quelques tranches de jambon pour inciter la soif.

— Çà, disait l’un en tenant son verre, greffier de la