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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/430

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geôle de mon estomac, apprêtez-vous à faire l’écrou de ce parpaillauwkt que je vais mettre à couvert. Compagnon, reprit-il après avoir bu, je vous donne assignation devant le trône du Dieu Bacchus pour dire à quel sujet vous ne buvez pas en temps et lieu quand vos amis vous y convient.

— Je n’y comparaîtrai pas, répondit l’autre, quand vous devriez lever un défaut dont je fusse contraint de payer les dépens.

— Il n’y a point d’apparence, dit le premier ; je veux avoir acte bien délivré et bien signé du valet de céans, par lequel il soit certifié que j’ai bu davantage que vous.

— Voici une pinte qui n’est pas, ce me semble, collationnée à l’original de celle de la ville, disait l’autre ; elle est bien petite, ce me semble, et si, le vin n’est guère bon. Je veux obtenir lettres patentes, scellées du grand sceau pour me faire relever de ce que j’ai tantôt consenti à en bailler six sols ; il n’en vaut que quatre.

Ils firent plusieurs autres discours de même étoffe que Francion entendit, et jura qu’il croyait que c’étaient des sergents, vu la mine qu’ils en avaient et les termes praticienswkt-2 qui sortaient à tous moments de leur bouche, et qu’en outre il avait reconnu qu’ils en voulaient à du Buisson. Pour éprouver si cela était vrai, il le laisse seul dans une salle prochaine et s’en va dehors avec tous ses gens, feignant qu’il avait envie de voir quelque singularité de la ville. Aussitôt les sergents, qui avaient certainement dessein d’emprisonner du Buisson, l’allèrent trouver et, lui ayant montré leurs charges, se voulurent mettre à exercer leur office. Mais Francion et les siens,