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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/55

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bruit qu’ils faisaient en se gaussant de cet objet qui se présentait à leurs yeux, non moins plaisant que celui qu’ils venaient de voir en la grande place.

L’opinion qu’il avait eue toute la nuit, que les démons s’apprêtaient à le tourmenter, lui donna alors de plus vives atteintes qu’auparavant ; car il s’imagina que c’étaient eux qui s’approchaient, et recommença d’user des remèdes que Francion lui avait appris pour les chasser. Les paysans le reconnurent alors à sa voix, et, entendant les niaiseries qu’il proférait et considérant l’état où il était, crurent fermement qu’il avait perdu l’esprit, et, en s’ébouffant de rire, s’en retournèrent vers leur curé pour lui conter ce qu’ils avaient vu.

— Sans doute, dit-il, voici la journée des merveilles ; je prie Dieu que tout ceci ne se tourne point au dommage des gens de bien.

Lorsqu’il fut à l’entrée du clos, apercevant déjà Valentin entre les arbres, il lui dit :

— Est-ce donc vous, monsieur mon cher ami ? Hé, qui est-ce qui vous a mis là ?

Valentin, oyant la voix de son curé, modéra un peu sa crainte, parce qu’il vint à se figurer que les plus méchants diables qui fussent en enfer ne seraient pas si téméraires que de s’approcher de lui, puisqu’une personne sacrée était en ce lieu-là.

— Hélas, monsieur, répondit-il, ce sont des démons qui m’ont ici attaché et m’ont livré des assauts plus furieux que tous ceux dont ils ont jadis persécuté les saints ermites.

— Mais comment, dit le curé, n’avez-vous point