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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/57

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a froide queue, l’on lui dit par moquerie qu’il s’en aille aux bains de Valentin.

Après que le bon curé eut fait plusieurs réprimandes à son paroissien sur la pernicieuse curiosité qu’il avait eue, il le mena voir le plaisant spectacle qui était au château, dont Valentin, aussi étonné que les autres, ne put dire aucune raison. À l’instant, un homme de bonne conversation et de gentil esprit, se trouvant là, dit :

— Vous voilà bien empêchés, messieurs, vous ne vous pouvez imaginer la cause de ce que vous apercevez. Je m’en vais vous la dire en trois mots : Ce compagnon que vous voyez pendu à l’échelle était amoureux de Catherine, il la voulait aller voir sans doute ; mais pour lui montrer qu’il perdait ses peines, elle lui a découvert son devant, lui faisant connaître qu’elle n’est pas ce qu’il pensait. Tenez, il est demeuré là en contemplation, tout éperdu.

Cette ingénieuse imagination plut infiniment à la compagnie, qui pensa qu’elle saurait bientôt des choses plus véritables, d’autant que les valets de Valentin ouvrirent à l’heure le château ; mais ils entrèrent en admiration aussi grande de voir tout le mystère, que s’ils n’eussent point été du logis.

L’on eut bientôt détaché le voleur et Catherine, et l’on ne manqua pas à leur demander des nouvelles de leur affaire, vu que personne n’en pouvait rien dire. Le péril où ils étaient les avait fait résoudre à ne point répondre à toutes les interrogations que l’on leur ferait sachant bien que leur cause était si chatouilleuse, qu’ils