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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/62

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— Je ne vous le cèle point, répondit le chirurgien, il en parle comme du plus méchant sorcier qui soit au monde. Il dit qu’au lieu que vos secrets lui devaient apporter quelque bien, ils lui ont causé beaucoup de maux. Encore qu’il y ait longtemps qu’il soit assuré de cela, il n’a pas laissé d’essayer tout maintenant s’il se porterait plus vaillamment au combat contre sa femme qu’il n’a accoutumé de faire ; mais jamais il n’en a eu la force de mettre sa lance en arrêt ; de sorte qu’il a été contraint de contracter une paix honteuse avec Laurette. Vous tirerez plutôt de la semence d’un bâton à goderonnerwkt les fraises que de ses pauvres armes mal fourbies. Il n’y a rien que sa porte de derrière qui soit ouverte ; je vous assure qu’elle l’est de telle façon, qu’il ne peut retenir une liquide et sale matière qui en sort à chaque moment. Il a fallu qu’il m’ait prié, comme son bon compère, de lui bailler une drogue qui ira refermer les ouvertures et apaiser les séditions de ces rebelles, qui, ne se tenant pas aux lieux déterminés, s’enfuient sans demander congé.

— Dois-je craindre qu’il ne prenne quelque vengeance de moi ? reprit Francion.

— Je ne vous en ai encore rien dit, répondit le chirurgien, parce qu’il m’a semblé que vous avez bien le moyen d’éviter, par votre science, toutes les embûches qu’il vous saura dresser ; néanmoins je vous assure à cette heure, qu’il n’épargnera pas toute la puissance qu’il a pour vous jouer d’un mauvais tour. Je m’en vais gager qu’il fera rassembler les plus vaillants du village pour vous venir ce soir enlever et vous mettre en prison dans le château.