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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/70

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bien digne d’épouser une telle femme que celle-ci ?

Je ne lui répondis que par un sourire, et commandai tout bas à un de mes laquais de suivre ces gens-là pour voir en quel logis ils entreraient.

L’orfèvre ne me put rien dire de leurs noms ni de leurs qualités pour cette heure-là ; mais il me promit qu’il en apprendrait quelque chose d’un de ses amis qui les connaissait. Après avoir acheté un diamant de fort peu de valeur et avoir commandé que l’on me fît un cachet de mes armes, je m’en retournai à ma demeure ordinaire, où mon laquais, qui était infiniment bien instruit aux commissions amoureuses, me vint rapporter tous les tenants et les aboutissants du logis de celle que j’appelais déjà ma maîtresse. Qui plus est, il me dit que le nom du vieillard qui l’accompagnait était Valentin, comme il avait appris, par hasard, d’un homme qui lui avait dit adieu tout haut dans la rue.

Le lendemain, je ne manquai pas à faire mes promenades par devant la maison où mes délices étaient enfermées. J’eus le bien de voir ma bourgeoise à sa porte, et la saluai avec une contenance où elle put bien remarquer quelque chose de l’affection que j’avais pour elle.

De là j’allai querir mon cachet sur le pont au Change, où l’orfèvre me confirma ce que mon laquais m’avait dit, que le fiancé s’appelait Valentin, et me dit, de surplus, qu’il était à un grand seigneur nommé Alidan, dont il avait toujours fait les affaires. Quant à la fiancée, il m’assura qu’elle s’appelait Laurette ; mais il ne me put rien dire au vrai de son extraction.

Qu’était-il besoin de savoir tant de choses inutiles ?