Page:Sorel - Le Berger extravagant, 1628.djvu/289

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fil avec ses lévres pour le faire passer plus aysement par le trou de l’aiguille, alla le tirer de ses mains, et le sucça long temps, disant qu’il vouloit tascher d’attiedir ses ardeurs par cette charmante humidité, qui valoit bien une rosee de l’aurore, et comme Charite luy ostoit ce fil s’estonnant de sa sottise, il luy dit, he ! Ma belle, comment ne baiseroy-je point ce qui a touché à vostre bouche, veu que toute la nuict, je n’ay fait autre chose que baiser ma main, pource qu’elle toucha hier à la vostre, quand nous dansions ; et avant hier je fy bien plus. Il en demeura là, car ce qu’il vouloit dire estoit si particulier qu’il le faloit taire. Il vouloit parler de la porte qu’il avoit baisee,

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et en suitte de cela il eust falu toucher que