Page:Sorel - Le Berger extravagant, seconde partie, 1627.djvu/266

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gré, je fus si plaisant que je m’en allay faire accroire aux messagers de mon pays, que si cét homme m’estoit rude, c’estoit pource qu’il estoit fasché de voir que j’estois desja devenu meilleur ouvrier que luy. Je m’en vay vous dire une chose remarquable qui arriva en sa maison. Ce menuisier estoit un gros bourgeois de bonne trogne, qui avoit esté esleu caporal de son cartier, et comme tel avoit paru à des montres qui s’estoient faites, et avoit esté à la garde de la porte avec sa compagnie. Il en estoit si orgueilleux qu’il croyoit estre descendu de l’un des neuf preux. Quand il avoit une fois mis le bel habit d’escarlatte passementé d’or, qu’il avoit fait faire pour les jours de parade, il me faloit redoubler les honneurs que j’avois accoustumé de