Page:Sorel - Montesquieu, 1887.djvu/154

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blique. C’est, disait-il, dans les anciennes lois françaises que l’on trouve l’esprit de la monarchie. Il ne songeait point à transporter dans sa patrie les institutions anglaises : c’eût été contraire à son système sur les climats ; il ne songeait qu’à ramener à leur principe propre les « lois fondamentales » des Français.

Un roi contenu par des corps privilégiés et dépendants ; point d’États généraux, mais une magistrature gardienne des lois fondamentales ; une noblesse à laquelle le négoce est interdit ; point de grandes compagnies de commerce, qui détruiraient la hiérarchie des corps intermédiaires, en plaçant d’un côté la puissance politique et de l’autre la richesse ; un gouvernement paternel, éclairé, intelligent, menant les Français, non seulement avec bonté, mais avec esprit : ne cherchant point à gêner leurs manières, afin de ne point gêner leurs vertus : évitant surtout de les ennuyer, car c’est ce qu’ils supportent le moins : leur laissant faire les choses frivoles sérieusement et gaiement les choses sérieuses ; de l’honneur partout, de la tolérance pour les croyants, de la gloire pour les gentilshommes, de la liberté civile pour le peuple ; point d’expéditions lointaines, peu de colonies ; plus de ces entreprises qui n’augmentent la puissance absolue qu’aux dépens de la relative ; de la modération enfin, au dehors, comme au dedans, « la France étant précisément de la grandeur qu’il faut » ; voilà, selon Montesquieu, l’idéal de la monarchie française. De bons rois et de sages ministres sont le grand ressort de ce gouvernement. La France a fourni d’illus-