répugnons par préjugé, et que c’est cette infidélité à nous-mêmes qui fait notre misère morale et notre servitude[1]. » Il affirme possible de faire la lumière dans les esprits, de présenter ce qu’il appelle « l’exégèse de la révolution ; » il va, pour cela, interroger l’histoire, montrer comment l’humanité n’a cessé de faire effort vers la Justice, comment la religion a été cause de corruption et comment « la Révolution française, faisant prédominer le principe juridique (sur le principe religieux), ouvre une période nouvelle, un ordre de choses tout contraire, dont il s’agit maintenant de déterminer les parties »[2]. — « Quoi qu’il advienne de notre race fatiguée, dit-il à la fin de ces discours, la postérité reconnaîtra que le troisième âge de l’humanité[3] a son point de départ dans la
- ↑ Proudhon, loc. cit., p. 74. Par foi juridique, Proudhon entend ici une triple foi qui domine la famille, les contrats et les relations politiques. La première est « l'idée de la mutuelle dignité [des époux] qui, les élevant au-dessus des sens, les rende l'un à l'autre encore plus sacrés que chers, et leur fasse de leur communauté féconde une religion plus douce que l'amour même » ; — la seconde « élevant les âmes au-dessus des appétits égoïstes, les rend plus heureuses du respect du droit d'autrui que de leur propre fortune » ; — sans la troisième « les citoyens, livrés aux pures attractions de l'individualisme, ne sauraient être autre chose qu'un agrégat d'existences incohérentes et répulsives que dispersera comme poussière le premier souffle ». {Loc. cit., pp. 72-73.) Au sens strict, la foi juridique serait la seconde dans cette énumération.
- ↑ Proudhon, loc. cit., p. 93.
- ↑ Les deux premiers âges sont ceux du paganisme et du christianisme.