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leurs maisons est comme leurs vêtements d’une apparence modeste et simple, mais, au-dedans, ils sont richement meublés et solidement nourris.

Ce jour-là, l’atmosphère était un nuage qui, descendu sans façons du ciel gris, errait à son aise dans les rues de Londres. Quoiqu’il fut à peine midi, on apercevait à travers le brouillard des lueurs rougeâtres dans le fond des boutiques. Un tapis était étendu sur le trottoir conduisant au marche-pied de la voiture du duc ; et, par ce respect qu’obtient encore en Angleterre l’aristocratie de race ou d’argent, les passants se détournaient sur la chaussée. Le vieillard et sa fille apparurent sur le seuil de l’hôtel.

Au même moment un jeune homme ayant à son bras une femme quelconque, d’une beauté frappante, parlant et riant haut, fendit la foule des badauds et vint sans souci des convenances pour franchir le tapis étendu sur la voie publique.

Ce jeune homme était Robert de Rolleboise, tel que nous l’avons vu la veille dans le foyer de Covent-Garden.

En l’apercevant, le duc pâle et les joues frémissantes, s’appuya davantage sur sa fille comme pour intercepter son regard. Quand Robert et sa compagne folle furent sur le tapis, le premier ôta narquoisement son chapeau et salua d’un air railleur le vieillard et sa fille. La haie de curieux s’ouvrit du côté opposé et ces deux individus disparurent dans le brouillard.

— Rentrons, Olivia, fit d’un ton froid le duc en s’appuyant sur son valet Andrew. La fière jeune fille avait fort bien aperçu le salut du jeune homme dont nos lecteurs connaissent la fatale ressemblance. Sans s’inquié-