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le vampire.

— Vous ne vous êtes jamais étonné du peu de rapports que votre frère, le comte Edgard, entretenait avec le monde. Quand il vous arrivait de vous arrêter à son château d’Argyle, vous ne vous demandiez pas où pouvait être ce bon frère qui n’était en aucune saison chez lui. Il faut s’inquiéter de tout, mylord ; permettez-moi de vous offrir ce conseil. Or, voici où était le comte Edgard. Votre frère qui, vous le savez, professe un parfait amour pour les richesses, s’est fait juif. Ah ! vous devinez !… Mon Dieu, rappelez-vous la lettre que vous reçûtes du manoir d’Argyle, il y a dix ans, et qui vous indiquait pour mener à fin quelques délicates affaires d’argent, un nommé Antarès, demeurant dans Canongate, à Édimbourg.

— Comment, cet Antarès !…

— Oui, cet Antarès qui s’établit après dans Saint-Gilles à Londres, puis dans Corbets lane, que je soupçonne même avoir trafiqué dans la rue de Bièvre, à Paris, cet Antarès est votre frère. Je sais bien que vous m’alléguerez, pour atténuer votre faute, le peu de fréquentation, qui existait entre le comte et vous, mais ce n’en est pas moins une faute, mylord.

— Mais, ce que vous me dites me bouleverse ! J’aurais été joué de la sorte !… Il est vrai que, hors mon mariage, il est peut-être deux circonstances depuis vingt ans où j’ai rencontré mon frère !… Ah ! ce frère que j’ai toujours méprisé est donc aussi vil que je le pensais !

Mais l’irritation de Mackinguss se contenait difficilement. Il marchait précipitamment, ses dents se martelaient, ses mains se crispaient. Le baronet se tenait plus calme que jamais ; puis, ce n’était pas de l’eau qu’il jetait sur le feu.