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Cette parole bouleversa la marquise, toute sa préoccupation, toute sa tristesse lui revinrent. Luizzi fut interdit ; et ne sachant comment reprendre la conversation, il se raccrocha à la première chose qui se présenta à lui.

— Vous êtes malade, vous ne mangez ni ne buvez.

— Au contraire, reprit Lucy en se remettant à sourire.

Et, comme pour ne pas donner un démenti à ses paroles, elle but le verre de vin de Champagne que Luizzi lui avait versé, pour faire quelque chose. Les yeux de la marquise devinrent plus brillants et sa voix tremblante.

— Oui, reprit-elle avec un accent amer, un amant, cela occupe, cela agite la vie ; mais il faut l’aimer, cet amant.

— Quand on ne l’aime plus, on le congédie.

— Un jaloux ! un tyran qui vous menace du déshonneur à toute heure, à tout propos ; à qui la moindre visite est suspecte, et qui s’irrite même de la familiarité de nos paroles avec un ami ou un parent. Un lâche hypocrite, qui