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Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/205

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pour la première fois d’un secret à travers lequel il pouvait, pour ainsi dire, regarder une femme et la voir sous son véritable jour, il se décida à étudier madame Buré. Il essaya de retrouver sur sa physionomie une ombre de rêverie ou de remords, un de ces retours soudains vers le passé où, l’œil et l’âme attachés à un fantôme invisible, on demeure immobile et tremblant jusqu’à ce qu’une voix qui vous appelle, une main qui vous touche, vous avertisse qu’on observe votre préoccupation et vous fasse jeter sur ce remords, dressé devant vous comme un spectre, un sourire qui le voile, une parole joyeuse qui le cache, linceuls roses et gracieux sous lesquels dorment un cadavre et un crime.

Mais Luizzi ne vit rien de pareil dans madame Buré. La sérénité inaltérable de son visage ne se troubla pas un moment durant les jours pendant lesquels il l’observa. Cette femme était si également calme, bonne, avenante, que Luizzi se prit à douter quelquefois de la véracité de Satan. D’autres fois, cette assurance l’indignait, et au point qu’il fut tenté de jeter à madame Buré