Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/217

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homme d’un aspect hideux se présenta. Il était couvert de haillons, non point de ces haillons du peuple qui dénotent la misère, mais de ces haillons de l’élégance qui sont toujours la livrée du vice. De longs cheveux gras encadraient un visage livide, où l’inflammation d’un sang vineux perçait sur les pommettes rougies ; cette chevelure huileuse avait déposé sur le collet d’un frac bleu à boutons de métal une couche de crasse luisante et solide. Cet homme portait un chapeau lustré par une brosse mouillée, qui était parvenue à dissimuler passablement l’absence des poils du feutre, mais qui n’en déguisait point les nombreuses cassures. Un col de velours noir râpé s’unissait à l’habit boutonné de manière à faire douter de l’absence de la chemise ; un pantalon, noir aussi, prodigieusement tiré sur une hanche et descendant sur l’autre, laissait voir qu’il n’était soutenu que par une seule bretelle, et les sous-pieds qu’il avait conservés servaient bien plus à maintenir dans ses pieds les souliers éculés du misérable qu’à tendre les plis du pantalon ; ce vêtement était tigré de taches