Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/250

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« — Oh ! oui, parlez-lui, me répondit-elle avec tristesse et en se laissant aller à causer plus qu’elle ne voulait sans doute, poussée qu’elle était par de cruels souvenirs ; parlez-lui pour mon pauvre homme. L’ouvrier n’est déjà pas si heureux avec lui, pour qu’on veuille lui faire perdre son pain parce qu’il a le malheur d’être malade. Il n’est pas bon, M. Félix… La maison est bien changée depuis qu’il est arrivé… Si vous saviez comme il m’a reçue quand j’ai été lui demander une avance !

« Elle parlait en pleurant, et moi je l’écoutais la terreur dans l’âme.

« — Femme ! femme ! murmura l’ouvrier étendu dans son lit.

« Marianne comprit mieux que moi cette interruption.

« — Oh ! pardon, pardon ! me dit-elle… j’oubliais que, M. Félix… C’est certainement un brave homme… un homme qui vous rendra heureuse.

« Ce dernier mot me fit tressaillir. J’avais deux ans devant moi, j’avais oublié que je devais