Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/300

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seulement un ressentiment qui avait sa joie douloureuse. Mon cœur était rompu de la céleste étreinte qui l’avait tenu si longtemps. Il me semblait, lorsque je revins à la vie ordinaire, que, si cet état eût duré longtemps, ma force s’y serait doucement fondue comme une cire blanche dans un doux foyer, et que mon âme s’y serait évaporée comme un éther subtil au soleil. C’était ainsi qu’il fallait me faire mourir, mon Dieu ! et non comme je meurs à présent. Je serais retournée à vous sans avoir péché, et vous m’eussiez accueillie, car vous êtes le Dieu de l’innocence. Et pourtant j’espère fermement que vous ne me repousserez pas, Seigneur ! Seigneur ! car vous êtes aussi le Dieu de la douleur.

« J’hésite, j’hésite à commencer le récit de ce qui va suivre ; car maintenant tout y est terreur, désespoir et crime. Oh ! Félix était bien ce que j’ai dit : le tigre qui aime sa proie pour la dévorer, le tigre qui s’accroupit sous les fleurs étincelantes du cactus,