Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/301

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où sa robe rayée se mêle, et se perd dans les bosquets de ses épais buissons ; c’était bien le tigre qui veille longtemps et silencieux, pour bondir soudainement sur sa proie et ne lui apparaître qu’avec la mort.

« Un matin, l’hiver était venu, je descendis dans le parc, j’allai me promener dans une allée qu’on découvrait de la fenêtre près de laquelle travaillait Léon. Je ne pouvais guère le voir, mais je savais qu’il me voyait, et je lui apportais ma présence. Le soir, à la veillée, il trouvait mille moyens de me dire entre nous tout ce que j’avais fait, mes moindres gestes, combien de fois j’étais passée : nous avions des signes convenus pour tout cela ; nous étions heureux de ces entretiens. Le matin dont je parle, Léon m’arrêta au détour d’un massif.

« — N’allez pas plus loin, me dit-il, le capitaine a fait enlever mon bureau de la fenêtre où il était, il se doute de notre amour. Je l’ai vu se diriger vers notre allée. Il va sans doute vous y espionner. Je me suis échappé pour vous prévenir.