Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/303

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« L’idée soudaine me prit de savoir ce qui allait se dire, et je répondis aussitôt :

« — Je vous laisse ensemble.

« Je feignis de me retirer rapidement, comme si je fuyais ; mais, grâce à l’épaisseur de nos charmilles d’if, je pus me rapprocher de l’endroit où Léon et Félix étaient restés. Le capitaine ne prit pas la parole sur-le-champ : il voulait sans doute me laisser le temps de m’éloigner. Ce fut Léon qui parla le premier ; sa voix me fil un effet étrange, ce n’était pas la voix dont il me parlait. Autant celle que j’aimais avait de douceur et de soumission, autant celle que j’entendais en ce moment avait de fierté et d’assurance.

« — Quels ordres le capitaine Félix a-t-il à me donner ?

« — Un seul, Monsieur, répondit celui-ci avec un calme qui m’étonna, c’est celui de vous tenir prêt à partir demain.

« — Je ne suis pas entré dans la fonderie de M. Buré pour faire les affaires extérieures.