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Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/324

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« — Léon, jamais !

« — Oh ! tu es trop forte contre mon amour pour ne pas être faible contre leur haine.

« — Léon, grâce et pitié, je t’aime.

« — Henriette, mais tu ne sens donc pas ton cœur qui bout, ta tête qui s’égare ? Oh ! tu ne m’aimes donc pas comme je t’aime ?

« Et je sentais ce qu’il me disait : mon cœur bouillonnait, je frissonnais de tout mon être ; ma pensée, ma raison s’égaraient. J’étais dans ses bras ; son haleine brûlait mon visage, ses lèvres retrouvèrent les miennes, et, quoique la nuit fût profonde, je fermais les yeux. Je me laissais entraîner vers un crime que j’ignorais, mais qu’il me semblait que je ne devais pas voir ; je n’étais pas évanouie, mais j’étais dans les mains de Léon comme un corps inerte. Un anéantissement douloureux du corps et de l’esprit me livrait à lui sans défense, il eût pu me tuer sans que j’en éprouvasse de douleur. Je ne sentais plus rien ; il étreignit vainement ce corps sans âme, il chercha vainement un battement de mon cœur, il appela vainement un