Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/113

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Surprenait leur sommeil en leur brûlant berceau,
Et remontait au jour par le Chimboraço.

Tombé plus désolée et plus incendiaire,
L’enfer, sans soupirail qui mène à la lumière,
Se creuse, divisé, tout infini qu’il est,
En neuf parts dont chacune est un enfer complet.
Là, la même existence et confond et renferme
Des êtres opposés, accouplés dans leur germe.
Là, des arbres géants balancent dans la nuit
Des reptiles éclos et pour fleurs et pour fruit.
L’âme humaine enfanta, par le mal fécondée,
Ces formes de hideur dont Dieu n’eut pas l’idée :
Créations de mort, famille des méchants ;
Symbole monstrueux de nos mauvais penchants.
Là, sur le sol maudit s’étalent toutes choses,
Où le crime a passé dans ses métamorphoses.
Là, débris éternels par l’ouragan heurtés,
Montent les ossements de ces vieilles cités
Que l’on vit autrefois, ceintes d’or et d’ivoire,
Encombrer de tyrans le drame de l’histoire ;
Et venir s’installer avec leurs passions,
Pour en gâter le sang, au cœur des nations ;
Sous leur manteau royal cacher leur plaie immonde,
Et, pour les égarer, guider les pas du monde.
Là, sont des monuments voués aux lieux maudits
Par l’empreinte des mains qui les avaient bâtis ;
Des temples, où les dieux n’ont pas laissé leurs marques ;
Des. trônes écroulés sous le poids des monarques ;
Des drapeaux que la gloire, aux jours de ses leçons,
Rejetait tout salis du fiel des trahisons ;
Et des arcs dont l’enfer recueillait la poussière,