Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/115

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Comme un aérolithe, ou voit tomber des nues
Des asphaltes taillés en formes inconnues.
0 chaos d’épouvante ! ô spectacle inouï !
Dans chaque puits affreux quelque monstre enfoui
Tremble, comme une perle au fond des mers de l’Inde,
Ou comme un beau lotus dans les lacs de Mélinde.
Un sémoun éternel, heurtant rochers et tours,
Traverse la géhenne et refait ses contours ;
Ranime des bûchers les forces attiédies ;
Varie à chaque instant l’aspect des incendies ;
Et, tel qu’un architecte aux gages des démons,
Courbe, en volant, des ponts de flamme entre deux monts.

Dans un vague terrible et souffrant, chaque forme,
Comme sous le brouillard les bras nus d’un vieil orme,
Se dresse et s’agrandit sur ces champs de douleur,
Où l’être et le fantôme ont la même couleur.
L’œil fermé par l’effroi, dans l’ombre expiatoire,
Retrouve en se rouvrant la vision plus noire.
Telle qu’un mont d’airain, tantôt l’éternité
Donne aux êtres maudits son immobilité ;
Et tantôt, roue ardente, instrument de colère,
Imprime à leurs tourments son horreur circulaire.
Sous le rayon blafard qui les laisse entrevoir,
Dans l’orbe du vertige ils semblent se mouvoir :
Pareils à ces oiseaux de nuit, race douteuse,
Dont le vol inégal fuit dans l’ombre honteuse,
Et dont l’aile sans plume, à chacun de ses nœuds,
Pour déchirer les airs dresse un angle épineux.
Leur foule aux raille aspects vient, fuit, décroît, repasse ;
Chaque démon poursuit un damné dans l’espace.
Et parfois, sous la nuit, ils échangent entre eux