Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/128

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Au lieu de son enfant, son cœur pour nourriture.

Ils sucèrent alors ce sang, où se mêlait
A chaque goutte encore âne goutte de lait.
Ils sucèrent longtemps, étendus sur le sable,
Ce sang que leur lenteur rendait inépuisable :
Il en venait toujours, et l’enfant gémissait,
Et cet allaitement jamais ne finissait !
Et la femme à genoux, malgré sa terreur vaine,
Regardait, sans le voir, expirer, veine à veine,
Son enfant bien-aimé, faible, et qui lui tendait
De convulsives mains que la douleur tordait.
Sous ses regards enfin les veines s’épuisèrent ;
Les membres de son fils par degrés se glacèrent,
Et tout leur sang passa dans un sang étranger,
Sans rendre, entre ses bras, le fardeau plus léger !!…
Mais des tigres alors la dévorante haleine
Aspira cette chair frêle et formée à peine ;
Et la mère attendit, de débris en débris,
Que leur faim sépulcrale eût inhumé son fils.


VII.


Statue au front brûlant que l’enfer supplicie,
Un damné, dont la chair en or s’était durcie,
M’apparut ; mais cet or souffrait, versait des pleurs ;
De la chair primitive il gardait les douleurs.
Trois bûchers du coupable illuminaient la face :
Son corps liquéfié dans sa riche surface
S’agitait, s’agitait, à leur rouge lueur,