Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/144

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Diadème montrant des foudres pour fleurons !
Sur la terre, autrefois, qu’il souleva de voiles,
Lorsqu’il interrogeait le char aux sept étoiles !
Oh ! quel rêve, égarant ce nouveau Lucifer,
Ébaucha, sous le Ciel, son âme pour l’enfer ?
Ce fut l’orgueil… Son cœur, dont l’orgueil est la vie,
Est fait d’un seul rocher sur qui l’enfer s’appuie !
Et son regard toujours semble opposer, plus fier,
A l’éternelle nuit un éternel éclair !
On sent, de son destin pénétrant le mystère,
Qu’il fallait ce regard pour voir mourir la terre.
On sent, l’œil sur le sien, qu’avant le grand adieu
Cet homme, face à face, a dû combattre Dieu !
Et que, pour accomplir jadis un tel naufrage,
Un souffle surhumain a traversé l’orage !
Nul artiste jamais n’aurait rêvé plus beau
Un ange de la mort posé sur un tombeau
Aux neuf cercles maudits, tout le craint et l’adore ;
Chaque fleur des enfers sous son œil veut éclore.
Il a pris, pour lui seul, aux Séraphins tombés,
Aux anges ses sujets, sous son sceptre courbés,
Ce qu’ils avaient gardé de leur ancienne gloire ;
II a pris aux vaincus son manteau de victoire.
Mais cette beauté voile un génie infernal
Qui peut tout ce qu’il veut, et ne veut que le mal ;
Cette fausse beauté, fascinant privilège,
Ressemble au grand oiseau blanc, plus blanc que la neige,
Qui de l’Himalaya vient raser le contour :
On le croirait un cygne, et ce n’est qu’un vautour.

Ce roi, des monts tonnants renouvelle les laves.
Dieu n’a pas plus d’élus qu’Idaméel d’esclaves !