Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/145

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Chaque jour son regard fait les dénombrements
Des damnés, peuple immense à compter par tourments.
Minotaure superbe errant de crainte en crainte,,
Seul, il sait les détours du brûlant labyrinthe.
Il connaît tout poison à ; ses fils apporté ;
Il connaît tes secrets de leur songe agité.
Dirigeant les fléaux, sondant les sépultures,
Il a refait, trois fois, le code des tortures ;
Mais, réglait les tourments d’ans leur infinité,
Il cache à tous le sien qu’il n’a pas inventé !
A son front menaçant nul m’en peut voir la marque :
L’orgueil absorbe tout sur ce front de monarque.
Devant ses noirs sujets roi toujours plus puissant,
La pourpre du manteau leur dérobe le sang ;
Et lorsque, à son tour, Dieu brise ce fort athlète.
La hauteur du combat leur cache la défaite !

Dans l’empire des pleurs, tel est Idaméel ;
Ses pieds se sont promis d’escalader le Ciel.
Tel est Idaméel, roi vainqueur de l’archange.
Le maître avait changé dans l’ombre où rien ne change ;
Dans cette ombre où naguère un combat éclatant
D’une seconde chute avait marqué Satan.

Quelquefois un vaisseau signale au loin la trombe,
Qui lui creusait déjà sa tournoyante tombe.
Il ne recule point, et son hardi compas,
De la lutte qui vient mesure tous les pas.
Il ne recule point, il a vu d’autres guerres ;
Il démasque, à la fois, ses trois rangs de tonnerres,
Et, contre les périls de l’orage ennemi,
S’arme d’un autre orage en son sein endormi.