Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/205

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Mais la vie en tous lieux éclipse son flambeau,
Notre amour ne ferait que peupler un tombeau !
Triomphons de ses feux…… éteignons son ivresse,
Comme font au désert l’hyène et la tigresse.
Étouffons pour jamais ses désirs révoltés
Sous les larges débris croulant de tous côtés ;
Couchons-nous sur les rocs de cette terre morte,
Afin que l’avalanche avec ses flots l’emporte.

Lorsqu’un chef africain veut dompter les élans
D’un sauvage étalon, roi des sables brûlants,
Il s’approche, et déjà la flottante crinière
Dans sa nerveuse main frissonne prisonnière :
Il s’élance, retombe, et deux genoux d’acier
Etreignent puissamment les flancs bruns du coursier.
L’animal étonné, qu’un poids nouveau tourmente,
Bat son poitrail en feu de sa bouche écumante,
Élargit ses naseaux, et redouble, heurtés,
Ses bonds tumultueux au vertige empruntés.
Son œil indépendant brille en topaze bleue,
En panache de guerre il agite sa queue ;
Par ses hennissements il réclame, irrité,
Loin des jeux du Djérid, l’air de la liberté ;
S’allonge, s’accourcit, se penche, se dérobe ;
Ses veines en réseau se gonflent sous sa robe.
11 cache sous ses crins, attristés de l’affront,
L’étoile de sa race empreinte sur son front ;
Saute comme un bélier, tourne comme un orage,
Sans pouvoir loin de lui secouer l’esclavage.
S’il se dresse en fureur, l’homme, tel qu’un serpent,
A son cou qui frémit s’enlace et se suspend ;
Aiguillonne ses flancs, s’il part comme la foudre.