Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/224

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Ses autels, ses grands dieux au front paré d’étoiles,
Et d’Isis souterraine on profane les voiles.
Partout, sous mon regard, se redresse exhumé,
Son néant colossal dans la myrrhe embaumé.
On sonde l’hypogée où, sous l’arche profonde,
L’épaule de la mort, comme Atlas, porte un monde :
Temple sombre d’un peuple à nul autre pareil,
Adorant le sépulcre à l’égal du soleil ;
D’un empire où la mort avait ses hymnographes ;
Où la gloire jamais ne crut qu’aux épitaphes ;
Où chaque Pharaon, architecte du deuil,
Commençait à la fois son règne et son cercueil ;
Et rival de Chéops voulait, alors qu’il tombe,
Combler de ses splendeurs l’abîme de la tombe.
On rouvre les rochers où, pour sortir du temps,
Rome ancienne envoyait ses remords pénitents,
Ses Jérôme, ses Paul, fanatiques squelettes,
Dont le cœur s’entourait de plus de bandelettes
Que tous les ibis morts et les rois desséchés,
Deux mille ans avant eux sous ces vieux monts couchés !

On retrouve, en séchant des terres inondées,
Le fameux cercle d’or de soixante coudées ;
Les trônes décorés de feuilles de lotus,
Et les Aménophis par Cambyse abattus ;
Et de Mendès vainqueur le profond labyrinthe ;
Et les vases murrhins enviés de Corinthe,
Ces vases merveilleux dont les brillants reflets
Déployaient l’arc-en-ciel aux balcons des palais ;
Et les Typhonium, les lampes éternelles,
Et les murs qu’ont bâtis de royales truelles,
Et les pilastres noirs, ceints du lierre rampant,