Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/239

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Il partit, il suivit le sentier de succès
Que lui traçait de loin la fuite de Xercès ;
De son sort en courant composa l’épopée,
Déploya l’Iliade au bout de son épée ;
Et pareil à ces dieux qui ne font que trois pas,
Franchit, presque tout seul, la gloire en trois combats.
Quel élan que le sien !!! Comme moi ma colonne,
Lui pour son piédestal choisissait Babylone ;
Son œil plein d’avenir en marquait la hauteur :
Gigantesque cité, nom civilisateur,
Sommet dont il croyait ne jamais redescendre ;
Axe sur qui tournait le rêve d’Alexandre ;
Et le seul point du globe où, pour bien gouverner,
On doive s’établir alors qu’on veut régner !
Là, dominant cent rois que leur puissance énerve,
Faisant de sa victoire une sœur de Minerve,
Il voulait, sur ce sol encombré de palais,
Avec toutes ses fleurs transplanter Périclès ;
Et de l’Oxus au Nil, du Sind à l’Illyrie,
Des arts, enfants d’Homère, élargir la patrie.
Comme on vit Phidias, artiste de l’éther,
De métaux différents bâtir son Jupiter,
Le héros, invitant Olympie à ses fêtes,
Créait un monde grec de ses mille conquêtes,
De l’oracle de Delphe il semblait animé ;
Par la prêtresse antique il semblait être armé.
Et ses féconds projets, mal compris du vulgaire,
Germaient dans le sillon qu’avait tracé la guerre.
On croit la guerre aveugle, on ne soupçonne pas
Qu’un progrès est caché sous chacun de ses pas,
Et que l’esprit humain, pour briser son écaille,
A besoin de l’épée et des champs de bataille.