Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/241

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« Après qu’à ses travaux la terre est fécondée !
» Être toujours unique en sa diversité,
« Demandant pour son vol l’air de l’égalité ;
« Et dans un saint effort qui toujours recommence,
« Dégageant de sa nuit sa chrysalide immense !
« Vois, au berceau des temps, l’esprit oriental
« Chercher à l’étouffer sous son dogme fatal :
« La nymphe se débat, sort de son agonie,
« Court de la Bactriane à la Babylonie ;
« Fuit, pour Thèbe et Memphis, l’Inde qui la bannit,
« Ébranle, en respirant, trois cents dieux de granit ;
« Elle passe la mer, et sortant d’un orage,
« Du chêne d’Irminsul vient essayer l’ombrage ;
« S’éclaire, chez les Grecs, de l’astre de Platon,
« Et sans désespérer, dans Rome, avec Caton,
« Fière de prolonger sa lutte expiatoire,
« Prépare lentement l’avenir de l’histoire.
« Mon œil couva longtemps la nymphe avec amour ;
« Je la pris dans mes bras pour l’approcher du jour.
« Mais je veillais en vain, fragile sentinelle !
« Les flammes de Moscou consumèrent son aile ;
« L’heure où je suspendis ma lutte de Titans
« Ferma l’orbe nouveau que parcourait le temps !

« Le Midi, tout à coup, vide de ma présence,
« Perdit, en me perdant, son centre de puissance.
« Édifice, longtemps de gloire cimenté,
« La France en ma grandeur avait son unité ;
« Son peuple d’orateurs dispersa sa fortune :
« Mon pilier triomphal, moins haut que la tribune,
« Vit leur toge cacher, sous son pli souverain,
« L’héroïsme muet de mes exploits d’airain.