Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/245

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Point créateur, foyer des Pallas reconnu,
Où la terre, dit-on, entr’ouvrait son flâne nu,
Alors qu’elle enfantait, mère désordonnée,
La race au front laineux maudite et condamnée.
L’homme n’habitait plus sur ces larges hauteurs ;
La vie avait quitté ces monts générateurs.
Mais, quand j’eus découvert les urnes ignorées,
Où le vieux Nil puisait ses ondes adorées,
Et que j’eus en volant salué de la main
La source, vierge encor de tout regard humain ;
D’animaux du désert quelques races puissantes,
Dont le Nil prolongeait les forces décroissantes,
M’aperçurent dans l’air, et tous sur mes élans
Dirigèrent de loin leurs bataillons hurlants.
Tous semblaient deviner qu’aux noces de la terre,
Mon voyage invitait le buffle et la panthère ;
Et plus qu’aux flots du Nil, les bondissants jaguars
Venaient puiser la vie aux feux de mes regards.

Symbole de la force armé de la colère,
Et des êtres créés formidable exemplaire,
Le lion me suivait, le lion indompté
Qu’en un moule royal la nature a jeté.
Près de lui, sans terreur, sous le soleil s’étale
Bémoth puissant et doux, bête monumentale :
Du dieu de l’Hindostan que son dos a porté,
Sa pesante stature offre la majesté.
Calme dans ses instincts, profond dans sa vengeance,
L’angle de son grand front s’ouvre à l’intelligence ;
Et son âme à l’étroit dans sa vaste prison,
Semble de la pensée entrevoir l’horizon.
Le colosse amoureux autour de son amante,