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Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/263

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Sa force ressuscite invulnérable, immense,
Et de ses crins dressés agite la démence ;
Son cri, de Sémida fait expirer la voix,
Autre charme pour lui si puissant tant de fois !
Il s’élance vers moi…. mais l’aveugle tempête,
Passe d’un bond trop large au-dessus de ma tête ;
Il me cherche, il s’égare, et sous deux jets de sang,
Dans la nuit qu’il s’est faite il tourne en rugissant.
Je contemple attendri le monstre magnanime,
Qui retrouve sa force et qui perd sa victime,
S’éloigne, se rapproche, et quelquefois rampant,
Imite en ses détours les ondes du serpent.
Sans étancher sa soif dans le sang des blessures,
Sur le tronc des palmiers il grave ses morsures,
Ou, se dressant debout contre un roc décharné,
Croit dans ses bras de fer m’avoir emprisonné.
Le sable est balayé du vent de sa poitrine,
Et les autres lions, du haut de la colline,
S’étonnent en voyant que ce roi des déserts
De ses bonds convulsifs tourmente ainsi les airs.
Sous ses propres excès enfin sa rage expire ;
Il tombe, je l’enchaîne ; et Sémida soupire
Lorsque ma main le lie au rocher colossal,
Qui couvre du vieillard le sommeil sépulcral :
« Toutes les voix du ciel par son cri me maudissent,
« Me dit-elle, et mes maux de ses maux s’agrandissent.
« Ce qu’il avait d’amour dans son cœur de lion
« Veillait pour s’opposer à ma rébellion.
« Il gardait mon serment, il prenait ma défense.
« C’était l’esprit vengeur d’un père que j’offense
« En écoutant ta voix. Fuis, tu ne peux rester ;
« A l’ombre d’un tombeau laisse-moi m’abriter ;