Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/287

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Sous l’éclair des splendeurs elle tombe frappée,
Elle tombe… et celui qu’elle vint supplier,
Ange gardien, ayant la mort pour bouclier,
Cesse de prolonger le choc de nos colères.
Me laissant pour adieu ses dons incendiaires,
Triomphant sans oser combattre Idaméel,
Son vol flagellateur remonta vers le ciel.
Je le vis emporter la jeune âme en sa gloire,
Et je demeurai seul, seul devant sa victoire !…

*


Il est là, sous mes yeux, muet, inanimé,
Ce trésor virginal, par l’espoir tant aimé !
Il est là… son aspect m’épouvante et m’attire :
Le réprouvé se plaît aux clartés du martyre.
Ah ! ce front par la mort est-il transfiguré,
Comme un temple où le Dieu pour jamais est entré ?
Dans ces restes glacés j’adore encor la femme ;
Son cadavre à mes yeux est plus beau que son âme.
Car son âme me fuit… vision de douleur !!!
L’arbre humain a perdu son germe avec sa fleur.
Dors sans moi… dors sans moi, dernière fille d’Eve,
Ton sommeil et le mien n’ont pas le même rêve !

Je lui portais pour dot sa race à conserver ;
Sous un baiser d’amour l’univers à sauver !
De mon trône d’orgueil elle m’a fait descendre,
Et ma gloire, comme elle, est un monceau de cendre !
Elle m’a préféré l’ange qui la-gardait ;
Se jetant sur la mort que son cœur lui dardait,
Elle a, dans les élans de sa ferveur première,