Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/288

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Foudroyé l’espérance avec une prière.
Elle a placé sa tombe entre mon œuvre et moi ;
Aux sarcasmes des cieux livré mon nom de roi !
Artiste travaillant un monde pour statu e,
Tous mes lauriers sont morts sous le coup qui la tue.
0 soleil ! que m’importe à présent ton flambeau ?
Toute la race humaine est là, dans ce tombeau !!!
Que m’importent les jours qu’elle ne doit pas vivre !
Terre, tu peux mourir, à ton Dieu je te livre.
Il a pris Sémida… qu’il te prenne à ton tour !
Le sépulcre a servi de barrière à l’amour.
Terre, tu peux mourir, mon regard t’abandonne.
Oh ! que n’ai-je ma part du néant que je donne !
Adieu, bel avenir, froid comme le passé !
Adieu, du genre humain berceau recommencé !
Peuples du Nil, adieu ! Sémida meurt, tout change…
Mon royaume est brûlé par un regard d’archange !

Lorsque Eve succomba sous l’ennemi rampant,
L’âme de Lucifer était dans le serpent ;
Des ennuis de l’Éden il distrayait la femme,
Changeait son esclavage en révolte de flamme.
Eve fut excusable, et de sa liberté
Sa chute lui conquit le trésor agité.
Ainsi que moi, livrée à la soif de connaître,
Sous l’arbre de la mort elle acheva de naître ;
Et cueillant de sa main un fruit mystérieux,
Fit manquer pour toujours la récolte des cieux.
Mais toi, d’un Dieu jaloux tu sers la tyrannie ;
Tu livres à sa faim le fruit de mon génie !
On te voit, Sémida, vers le dôme étoile
Fuir du dernier Adam l’exil inconsolé,