Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/334

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« J’épancherai mes dons de blessure en blessure.
« Écoute, Idaméel : Sur ton globe natal,
« Un mont cachait à tous ses veines de métal ;
« Et les hommes passaient à ses pieds, sans connaître
« De ses rocs méprisés quels trésors devaient naître.
« Or, il advint qu’un jour l’orage descendit,
« De tonnerres armé, sur ce roc qu’il fendit.
« La tempête exploita cette mine ignorée.
« Pour enrichir la foule, en tumulte attirée,
« Sous le feu des éclairs la veine ruissela ;
« A chaque coup de foudre un fleuve d’or coula. »

« — Mais, dit Idaméel, la foudre que je porte,
« Peut consumer le mont et tout son or.
— N’importe.
« La palme des tourments rayonne, et je suis prêt…
« Privé de nourriture, un reptile expirait :
« Une génisse passe et vient livrer, féconde,
« Tous les flots onctueux de sa mamelle blonde
« Au reptile vaincu par la faim qui le mord,
« Et couché pour mourir dans un tronc d’arbre mort.
« Le serpent les aspire, et, nourrisson sauvage,
« Torture en ses replis les sources du breuvage ;
« Et le lait qui s’échappe, et frais et parfumé,
« A grossi les poisons du monstre ranimé.
« Chaque flot innocent du trésor qui ruisselle,
« Aux fureurs de son œil ajoute une étincelle ;
« La génisse déjà semble s’épouvanter
« De ce fils d’un moment qu’elle osait allaiter ;
« Et lui, de tous ses dards a dressé la colère ;
« De son premier baiser il a blessé sa mère,