Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/338

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Ne m’interrogez plus sous vos doigts frémissants :
Pourquoi loin de l’autel vouloir brûler l’encens ?
Poëte abandonné des souffles du génie,
Ne voyant plus l’amour j’ai perdu l’harmonie.
Et mes fils lumineux, des anges applaudis,
Ont cessé de chanter aux fleurs du Paradis ;
Et je ne verse plus dans leur coupe irisée
De mes notes du ciel la suave rosée.
Sous votre chevelure, aux regards des élus,
Sémida, cachez-moi, ne m’interrogez plus ;
Ne m’interrogez plus, allez à Madeleine,
Et sous les amandiers parlez-lui de sa peine.



SÉMIDA.


Madeleine-Marie, aux grands yeux bleus et doux,
Je viens, je vous regarde et je suis avec vous.
Sous vos paupières d’or, chastement abaissées,
Comme un nid d’oiseaux blancs se cachent vos pensées.
Dites-moi, dites-moi votre rêve ; et s’il est,
Pour votre âme amoureuse, aussi doux que le lait,
Je veux vous saluer sur votre front de sainte
D’un baiser à travers vos voiles d’hyacinthe ;
Si, comme l’ébénier, il est triste, ma sœur,
Je veux vous saluer d’un baiser sur le cœur. »

*


Madeleine écoutant souleva sa paupière ;
Et leurs âmes alors, échangeant leur lumière,
Se virent des pensers pareils en ce moment,
Pareils, comme en leurs yeux le bleu du firmament ;
Et sous les amandiers, sous leur blancheur fleurie,